Recueil d'une allumée au feu de bois

Recueil d'une allumée au feu de bois

La vie dans une bouteille d'eau

En cette fin d'après-midi, Sézigue rentrait à sa résidence la tête lourde et le cœur léger. De milliers d'images, de sensations venus de plusieurs rêves nocturnes habitaient son esprit : des songes pour le moins obscurs. Des caresses, des regards profonds, de réelles et paresseuses querelles envenimaient l'antre de ses pensées et sentiments.

Elle saisit un instant la bouteille d'eau que venait de lui tendre un vendeur en échange de quelques pièces et se stoppa en un lieu qu'elle choisit bien : à chaque fois qu'elle passait ici, Sézigue faisait bien attention de ne point appesantir sa masse corporelle sur cette insigne.

C'était par respect des morts : particulièrement à celui dont le prénom était inscrit ici, le même que celui à qui appartenait ce prénom, auquel elle pensait. C'était un être inconnu, malgré le fait qu'elle soit avec un de ses meilleurs amis aujourd'hui et qu'il était arrivé plusieurs fois à sa déité de lui parler de ce jeune homme.

Quand Sézigue regardait l'enseigne de la tanière de la faucheuse, elle ne pouvait que penser à ceux qu'elle avait connus et qui étaient désormais de l'autre côté du pavillon noir. D'abord, il y avait eu son grand-père : c'était d'ailleurs cet événement qui l'avait faite basculer. Heureusement, Sézigue était passée par un office adapté à ses besoins et fut entourée de belles personnes. Et puis, c'était là qu'elle avait fini par rencontrer celui qui partage aujourd'hui sa vie.

Un jour aussi, elle se souvient : elle grimpait le sol goudronneux, un sentier réservé aux piétons. Elle était alors d'humeur assez neutre, même plutôt avec le sourire sur les yeux. Et puis, il arriva que son regard tomba sur un cadavre de chat noir : il était écrasé, son corps était aussi plat que la mer lorsqu'elle est calme. Cela la bouscula au moins autant que le petit être qui n'était plus.

Et il avait enfin cette personne qu'elle connut à l'officine où elle était et qui s'était mordu la queue de trop de douleurs.

 

Voilà : c'était en hommage à tout cela qu'elle arrêtait le temps, levait sa bouteille d'eau et revivait par l'eau qu'elle engloutissait, la fraîche pensée de ces instants partagés avec ces personnes.



14/08/2013
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